LE PONT CANADA

 

Le premier projet émane de l’initiative, début 1832, du Sieur Ozou, négociant à Tréguier qui soumet son projet aux Ponts et Chaussées. Dès Février 1832 les Conseils Municipaux de Tréguier et Trédarzec émettent un avis favorable à la construction du pont suspendu et à la suppression des bacs de Canada et de Saint-Sul. Dès lors une opposition va se cristalliser entre les communes situées au nord de la Route Départementale N° 1 qui relie Paimpol à Lannion( actuelle RD 786) et celles au sud autour de la Roche Derrien, qui défendent l'accès au port de cette commune qui serait réduit à néant, selon certains, par cet ouvrage. Cependant le projet suit son cours et le cahier des charges de l'exploitation du futur pont est établi en octobre 1832.Il prévoit que l'ouvrage aura une longueur totale de 139,50 dont 100 mètres pour la partie suspendue, un tablier de 4,20 mètres de large permettant une voie charretière de 2,20 mètres et un trottoir  d'un mètre de chaque coté. Le tirant d'air sous l'ouvrage est fixé à deux mètres au-dessus des hautes eaux d'équinoxe. Le coût du pont a été évalué à 160 000  Francs  et le produit du péage à 10 000  francs par an. D'après les calculs de l'Ingénieur des Ponts et Chaussées il faut fixer à 70 ans au maximum la durée de la concession compte-tenu des taux d'intérêt(6%), des frais d'entretien et de perception des péages.

L'adjudication a lieu le 29 Décembre 1832 et la concession est attribuée au Sieur Ozou, seul adjudicataire, associé à la Veuve Desjards, et ses fils, de Guingamp, pour une durée de soixante neuf ans et onze mois. (un mois de moins que le calcul des Ponts et Chaussées... Une ordonnance royale approuve l'attribution de la concession et le cahier des charges ainsi que les tarifs qui sont alignés sur ceux des bacs pour ne pas provoquer d’opposition de la part de la population. Les arguments développés par les élus de la région de la Roche-Derrien n'ont pas prévalu sur l'intérêt général  du fait que le trafic vers ce port est de peu d'importance ou assuré avec de petits bateaux qui ne seront aucunement pénalisés par le pont.

 

Les travaux sont engagés en 1833, achevés en Avril 1834 et le pont est ouvert à la circulation le 25 Mai 1834 après que les désordres constatés lors de la première réception (des lézardes dans la maçonnerie des piles ) aient été réparés et qu'une nouvelle épreuve ait permis de constater la stabilité de la structure. Les essais ont consisté à charger le tablier de quatre- vingt- trois tonnes de pierres et de sable pendant trois jours dans un premier temps, puis de faire passer quatre voitures dans des configurations différentes afin de mesurer les mouvements des différents éléments du pont. La réception définitive est prononcée le 8 Juillet 1835.Le pont Canada est  ainsi le premier pont suspendu construit en Bretagne. Le pont est démoli le 9 Juillet 1886,le bac est remis en activité temporairement, un nouveau pont métallique étant en construction en 1886. Il dispose d'une travée mobile afin de permettre la navigation jusqu'à la Roche Derrien mais il sera l'objet de désordres dès sa mise en service, il se tasse et la flèche atteint quarante centimètres ce qui amène les ingénieurs à envisager son remplacement en 1941 par un ouvrage en béton armé composé de deux arcs. Le projet ne sera repris qu'en 1951 et le nouveau pont sera mis en service en juillet 1954.Le pont comporte deux arcs en béton armé espacés de 12,30 mètres et surbaissés au sixième( 26 mètres de flèche pour 153 de long. Le tablier est retenu par des suspentes en acier espacées de 6,50 m accrochées dans les arcs. La construction des arcs nécessitera la mise en place d'un cintre imposant qu'il sera indispensable de contreventer solidement afin de résister aux vents de mer parfois violents.

 

Photographies du chantier de reconstruction du pont Canada à Tréguier après la guerre 39-45

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