L A C O R V E E
E N B R E T A G N E LA REPARTITION DES TACHES DE CORVEE ENTRE LES
PAROISSES Afin d'être concret, examinons le cas du grand chemin de Guingamp à Lannion.L'entretien de cette route incombait à 20 paroisses distantes de la route d'un quart de lieue(un kilomètre) à deux lieues et demies(10 kilomètres.) La répartition des tâches est établie selon les impositions de chaque paroisse à la capitation, ce qui introduit une certaine péréquation entre les collectivités. L'examen des documents montre que les paroisses de Ploubezre(1760 toises), Pluzunet(1716 toises), Prat(1615 toises) ainsi que Tonquédec(1260 toises) se détachent nettement pour le montant de leur "taxation". A contrario Mantallot (68 toises), Lanvézéac (89 toises) participent pour une faible part aux travaux de corvée. Les plus imposées sont parfois des communes qui se trouvent très loin de la route, obligeant de plus les corvoyeurs à de longs périples à pied dans les campagnes dépourvues de chemins. Retour sommaire " Les routes au XVIII° siècle" LES DIFFICULTES DE MISE EN OEUVRE DE LA
CORVEE
Les corvoyeurs s'acquittent de leurs tâches avec
lenteur, négligence, refusent de se déplacer, ou
abandonnent les chantiers avant la fin des travaux.
Certaines paroisses ne fournissent pas le nombre de bras
prescrit. Ainsi en juin 1736,une centaine de paroissiens
de Ploumagoar chargés des réparations du chemin de
Pont-Auffrait à Pontrieux manquent à l'appel([3]. Parfois des actes de
violences sont commis à l'encontre des piqueurs et des
députés, actes lourdement punis par l'Intendant.Des
exemptions en tout genre permettent à quelques
catégories socioprofessionnelles(dirions-nous
aujourd'hui) d'échapper à la corvée. Les
privilégiés, écclésiastiques, nobles ainsi que leurs
domestiques en sont bien évidemment exclus d'office.
Certaines professions, comme les matelots qui ne
résident pas chez eux plus de trois mois entre deux
armements, les distributeurs de poudres et de salpêtre,
les gardes-étalons,
etc bénéficient d'exemptions. Inévitablement
des petits malins s'empressent d'acheter un vieux cheval
dont personne ne veut comme étalon, mais qu'importe
l'essentiel est d'échapper à la réquisition.. L'ordonnance
du 12 février 1751 rédigée par Pontcarré de Viarmes
contient l'énumération des griefs dont les corvoyeurs
sont coupables."Le Général de chaque
paroisse nommant un trop grand nombre de Députés, et
souvent pour en remplir les fonctions les personnes les
plus grossières et les moins intelligentes; Que les
Trésoriers en charge et les Députés, de concert les
uns avec les autres, ne comprennent dans le Rolle
général(la liste des corvoyeurs) leurs parents et leurs
amis, quoique contribuables à la corvée; Les Députés
refusent d'instruire et négligent de faire travailler
les Corvoyeurs pendant l'absence du Piqueur, sous
prétexte que ce dernier ne leur a pas expliqué ce
qu'ils doivent faire.etc"([4].)Poncarré
de Viarmes conclut que tous les inconvénients qu'il
vient d'énumérer causent la destruction des chemins au
fur et à mesure de leur construction, et apportent une
lenteur extrême à l'avancement des ouvrages qui restent
à faire. Il ordonne néanmoins la reprise des travaux de
corvée le 15 mars 1751 et invitent les corvoyeurs
à se rendre à leurs ateliers sur les chemins dès le
premier avis qu'ils recevront du sieur Chocat de
Grandmaison, Ingénieur en chef des Ponts et
Chaussées.Vingt-huit articles, sur trente-cinq, de son
ordonnance sont consacrés à réglementer la corvée.
Une des difficultés consiste à constituer des bandes de
corvoyeurs appelés à travailler ensemble sur le même
chemin. Les Députés ont mission de regrouper les gens
du même village de façon à ce qu'ils se
déplacent ensemble et arrivent à la même
heure sur leur atelier(Art 17.Cependant tous les
corvoyeurs ne sont pas taxés d'une égale quantité de
labeur. Ainsi ceux qui ne payent que vingt sols de
capitation doivent une journée de travail, alors que
ceux qui sont imposés de dix livres seront présents dix
jours sur le chantier(Art 18.Le nombre de corvoyeurs
varie ainsi tous les jours, ce qui nécessite un
encadrement et un contrôle extrêmement bureaucratique
(l'appel a lieu le matin, et après les heures de
repas)dont les Députés doivent rendre compte aux
ingénieurs. (Art 29.Enfin mentionnons qu'il existe des
corvoyeurs de bras qui exécutent les travaux de
terrassements et d'empierrement et des corvoyeurs de
harnois chargés du transport des matériaux, ces
derniers étant de plus sujets aux même travaux que les
autres, à l'exception néanmoins de la façon des
empierrements, de l'arrangement et régalement des sables
dont ils seront dispensés. (Art 27. En
1754,le Duc d'Aiguillon entreprend de réformer la
corvée en Bretagne, ayant constaté linefficacité
des règles en vigueur. L'ordonnance de 1754 soumet
à la corvée les propriétaires des villes et des
campagnes au prorata des impôts payés(la capitation) ou
des revenus tirés des terres qu'ils font labourer,
mesure d'équité qui introduit un début d'égalité
entre les bourgeois des villes et les paysans. Les
corvoyeurs ne pourront être employés en octobre,
novembre et jusqu'à la mi-Décembre qu'à tirer des
pierres et du sable et à casser à la masse toutes
les pierres non destinées à la constitution des
bordures et des assises des chaussées(elles doivent
être réduites à la taille d'un oeuf!).Au Printemps les
corvoyeurs sont chargés de creuser les fossés, de
recharger les banquettes, aplanir les chemins, rapporter
les terres de remblais, disposer les assises en pierre
des chaussées. Ils doivent procéder au recharge et aux
empierrements pendant les mois d'avril et mai de façon
à ce ces travaux soient terminés impérativement avant
le 15 Juillet.Ceux qui auront reçu dans leur tâche une
mauvaise partie de chemin à entretenir n'auront pas la
même quantité de travail à fournir par rapport à ceux
mieux lotis. Par ailleurs des mesures coercitives sont
maintenues; les corvoyeurs qui par désobéissance ou
mauvaise volonté ont abandonné leur tâche sont sommés
de reprendre le travail sous peine d'être dans
l'obligation de payer les ouvriers qui seront chargés
des travaux à leur place et missionnés par les
inspecteurs. Les héritiers d'un corvoyeur qui a
laissé du bien et dont la tâche n'est pas achevée sont
tenus de remplir les obligations du défunt. Les
députés qui ne communiquent pas dans les délais la
liste des corvoyeurs([5]), ou qui sont en retard dans
l'avancement des travaux, sont condamnés à des amendes
de 12 Livres, c'est ce qui arrive en 1786 aux députés
des paroisses de Plounevez-Moédec et de Plouaret([6]. L'année précédente, le
29 décembre 1785,les commissaires des Etats inspectent
à Belle-Isle en Terre le chantier de la route de
Guingamp au Ponthou en présence de l'Ingénieur et
constate que les cordons de pierre nécessaires à
l'entretien de la route ne sont pas établis selon les
règles de l'art(un prisme de 4 pieds de largeur sur
chacune des trois faces. La liste des corvoyeurs
défaillants leur est communiquée; dix-huit de la
paroisse de Plounévez-Moédec et quarante-deux de
Plouaret manquent à l'appel. Il est noté que les trois
habitants les plus riches de cette paroisse n'ont pas
tiré une seule pierre dans le courant de l'année qui
s'achève([7]. De son coté le recteur de
la Paroisse de Créhen fait part aux commissaires des
Etats dans une lettre datée du 6 avril 1788 de la
mauvaise répartition du travail entre corvoyeurs sur la
route de Drouet à Plancoet, les Syndics ayant fait
prévaloir des considérations d'ordre familial pour
exonérer certains habitants ou leur confier le travail
le plus facile. ([8]) Les
travaux publics ont toujours été dangereux, surtout
pour les manuvres ! Monsieur de Crésolles
,Commissaire des Etats,en rendant compte de l'utilisation
de la somme allouée aux travaux sur les routes de Perros
et de Morlaix en 1788 indique qu'une part a été
consacrée au déblaiement de la carrière affectée aux
paroisses de Saint-Quay-Perros et de Louannec afin
d'éviter à l'avenir les éboulements qui ont coûté la
vie à quatre hommes et estropié deux autres quelques
mois auparavant.([9]) Retour sommaire " Les routes au XVIII° siècle" LE MAINTIEN DE LA CORVEE EN BRETAGNE Dès
le 18 février 1785,les commissaires des Etats de
Bretagne ,désormais seuls responsables de
l'Administration des chemins, établissent un mandement
relatif aux mesures à prendre vis à vis des corvoyeurs.Ils
ne manquent pas de faire savoir"que dans
la mesure du possible ou autant que les circonstances le
permettront ils s'attacheront à soulager la
corvée"([10]. Néanmoins
le texte qui est adressé aux syndics, marguilliers,
habitants des paroisses constituent en fait un nouveau
règlement de la corvée en Bretagne."Les
vues de bienfaisance des Etats deviendront infructueuses
si les corvoyeurs ne remplissent pas avec zèle leurs
obligations; Il importe d'autant plus aux corvoyeurs de
concourir au succès de ce plan, que d'un coté, le
rétablissement des grands chemins, en facilitant le
transport, deviendra pour les campagnes un avantage réel
et que d'un autre coté les corvoyeurs négligens, ou
mutins, continueront d'être punis." Les
travaux de la corvée sur les grands chemins sont ainsi
repris et continués selon les dispositions de
l'Ordonnance de 1757 établie par le Duc d'Aiguillon et
sous la responsabilité des Ingénieurs de chaque
département.Ceux-ci sont chargés de recueillir la liste
des défaillants et des mutins."Le
maintien des exemptions est pérennisé et il est
demandé de ne faire jouir de l'exemption des travaux de
la Corvée que les seuls habitants, qui ayant constaté
de leur privilège,n'y dérogeront par aucun mélange de
profession.Le mandement sera lu et publié à l'issue des
grand'messes paroissiales à ce que personne n'en
prétende cause d'ignorance."
Ainsi la liberté donnée aux Etats de Bretagne de gérer
et de développer le réseau routier saccommode
avec la perpétuation du système de la corvée,
particulièrement honnie par la population des campagnes.
Une nouvelle instruction pour les travaux de la corvée
pour la réparation des grandes routes de la province est
élaborée.Plusieurs articles se réfèrent à
l'ordonnance du 5 novembre 1754 du Duc d'Aiguillon.Outre
des dispositions d'ordre technique concernant la façon
de réaliser les fossés, les empierrements, les
banquettes ou accottements,ainsi que les cordons de
pierre, le dernier paragraphe est consacré aux punitions
à l'encontre des corvoyeurs mutins ou défaillants qui
mérite d'être reproduit intégralement;"La
Commission fait très expresses défenses aux corvoyeurs
d'insulter ou malmener leurs syndics et députés, à
peine de prison, et même de plus grande peine s'il y
échet.Il sera, au surplus, pourvu sur les ordres de la
Commission, à la confection des tâches des
défaillants, soit par voie de marchés publics au
rabais, aux frais desdits défaillants, soit par la voie
des contraintes établies en pareil cas, et elle charge
les syndics et députés d'en prévenir, dès la reprise
des travaux, tous les corvoyeurs, afin qu'ils ne puissent
imputer qu'à eux-mêmes les peines qui seront prononcés
contr'eux."Les Députés et Syndics ont
mission de participer activement à la délation des
"mauvais " corvoyeurs . LE SOULAGEMENT DE LA CORVEE Les
Etats feront néanmoins un geste pour soulager la
corvée.Sur le fonds des Grands Chemins ils affectent de
temps en temps une somme pour alléger les tâches( 200
000 livres en 1740,100 000 en 1760, 200 000 à nouveau en
1782) ([11]).En 1786-87 les Etats
votent une augmentation de dix sols par pot d'eau de vie
et de liqueur sur les droits des débits de boisson de la
province.Les recettes de cette nouvelle taxe sur l'alcool
sont affectées aux travaux sur les chemins et répartis
à raison d'un dixième pour les endroits les plus
dispendieux, le reste étant attribué au prorata du
linéaire de voirie de chaque évèché.Les Etats en
espéraient 500 000 Livres, en l'an 1787 la taxe rapporte
seulement 77 213 Livres ,lévêché de Tréguier(62
lieues et 1/2 de chemins) reçoit 5073 Livres, celui de
Saint-Brieuc(67 lieues) 5439 Livres, celui de
Saint-Malo(110 lieues) 8930 Livres.Les commissaires des
Etats notifient à l'Ingénieur Anfray (fils) les
travaux à réaliser dans la partie de son département
relevant de l'évêché de Saint-Malo.Ainsi la paroisse
de Saint-Samson se voit allégée de 200 toises de chemin
à réparer sur la route de Dinan à Jugon;Celle de
Pleurtuit de la réparation de l'aqueduc de la Ville Es
Monières sur la route de Dinard au Guildo.([12]) Retour sommaire " Les routes au XVIII° siècle" LES ATELIERS DE CHARITE Une
autre façon de soulager les corvoyeurs consiste à
créer des ateliers de charité auxquels on emploie les
pauvres, les mendiants, moyennant une petite
retribution.Fin 1785 le Contrôleur Général des
Finances accorde un secours de 100 000 Livres à la
Province.Le Diocèse de Tréguier demande 10 000
Livres et s'inquiète de savoir si les travaux seront
supervisés par l'Intendant ou la Commission
Intermédiaire conformément aux nouvelles dispositions
en vigueur depuis le début de l'année.([13]) Finalement il recevra
seulement 8 000 Livres.D'autre part les commissaires
souhaitent savoir si cette nouvelle dotation a également
été prélevée comme la précédente (200 000
Livres)sur les fonds de la navigation intérieure votés
par les Etats.L'an passé les Commissaires des Etats de
Tréguier avait utilisé une partie de cette dotation à
l'achat d' outils plus performants aux corvoyeurs. LA SUPPRESSION DE LA CORVEE La
corvée va cristalliser le rejet de l'Ancien Régime,
notamment pour certains philosophes des Lumières dont
quelques-uns uns vont occuper des postes importants sous
Louis XV et Louis XVI.Le Duc d'Aiguillon qui s'est
efforcé d'en adoucir l'application écrit en 1787 que"La
corvée est bien plus onéreuse dans la province de
Bretagne que dans les autres, tant à cause de la
dépopulation, de la dispersion des habitants, de leur
éloignement des grandes routes et de la façon dont ils
se nourrissent que de la mauvaise qualité des sols et
des matériaux, de la rareté de ces derniers de la
distance des lieux où l'on les trouve à ceux où l'on
travaille, de l'intempérie du climat et surtout du
nombre prodigieux de voitures énormes qui passent
continuellement par les routes de Brest,Lorient,Nantes et
Saint-Malo pour le service des armements."([14]).Si la
corvée est ressentie si durement en Bretagne, et
notamment pendant la présence du Duc d'Aiguillon, la
raison tient essentiellement au formidable développement
du réseau routier en un laps de temps très
court.Turgot,Intendant de la province du Limousin
s'impliqua également dans le développement du réseau
routier et prendra l'initiative d'y substituer la corvée
en argent à la corvée en nature. En 1774, Louis XVI le
nomme Contrôleur Général des Finances, l'un des postes
les plus important du régime. Il va s'attacher à mettre
en oeuvre ses idées novatrices dans le domaine de
l'économie. Dès mai 1775, une circulaire ordonne aux
Intendants de suspendre provisoirement la corvée.Il
propose aux Etats de Bretagne de leur accorder
l'administration des grands chemins en échange d'une
suppression de la corvée.Les Etats rejettent cette
proposition, inquiets d'une augmentation des impositions
dont ils devraient supporter la charge.Condorcet supplie
Turgot, dès sa nomination au Contrôle Général, de
mettre fin à la corvée. Il devra revenir à la charge
plusieurs fois en utilisant ses talents de pamphlétaire
avant que l'ultime décision ne soit prise. Atteinte à
la dignité de l'homme, exploitation des pauvres par les
riches, les arguments ne manquaient pas.Turgot présente
au roi en janvier 1776 un édit décidant que la corvée
royale sera remplacée par une contribution acquittée
par tous les propriétaires, à
l'exception du clergé.Cette volonté
réformatrice heurte de front les privilèges, mais
suscite également des réticences des Ingénieurs des
Ponts et Chaussées;Louis XVI renvoie
Turgot en mai 1776.La corvée est
rétablie quelques mois plus tard jusqu'à la veille de
la Révolution (1786). Elle est remplacée par un
système de prestations en nature libérables
en argent.Cette suppression concerne exclusivement
la construction des routes royales.Cependant en Bretagne
la corvée sous son régime antérieur va perdurer
jusqu'à la Révolution du fait que le pouvoir royal a
attribué l'administration des grands chemins aux Etats,
composés essentiellement de privilégiés qui ne
souhaitent pas la remplacer par une imposition fiscale
dont ils pourraient se trouver redevables. Les
cahiers de doléances rédigés en Bretagne lors des
assemblées primaires qui se tiennent dans les paroisses
du 29 mars au 6 avril 1789 sont particulièrement
éloquents.Sur 173 cahiers retrouvés et conservés aux
Archives,126 réclament la suppression de la corvée des
grands chemins et 123 l'égale répartition des impôts([15]).Compte-tenu
que toutes les paroisses n'étaient pas assujetties à la
corvée(seules celles se trouvant à moins de deux lieues
d'un grand chemin devaient fournir des corvoyeurs),cette
proportion des deux tiers des paroisses rejetant la
corvée représente en fait un vu probablement
unanime de la grande masse des paysans bretons.Ces
doléances, paradoxalement, ne s'adressent pas au Roi,
mais aux Etats de Bretagne qui se sont obstinés à
maintenir en vigueur la corvée et au Parlement de
Bretagne qui n'enregistra point les édits qui auraient
permis sa suppression en 1774,1776 et 1786 malgré
les instances de Turgot et de Calonne.Le fait que les
Etats de Bretagne soient devenus totalement maîtres de
l'administration des Grands Chemins en 1785 a également
influé sur cette persistance anachronique.([16]) Plusieurs
documents font état d'un nombre de corvoyeurs de l'ordre
de 225 000(17)pour la
province de Bretagne,chiffre extrait d'un rapport de
l'Ingénieur Chocat de Grandmaison datant de 1751,soit
pour les Côtes du Nord environ 45 000 à 50 000
personnes(le Département est alors l'un des plus
peuplés de l'ouest de la France et la Province inclut
l'actuel département de la Loire-Atlantique) Retour sommaire " Les routes au XVIII° siècle" [1]
Dans les faits la corvée est en vigueur en Bretagne
depuis au moins le début des années 1730.Plusieurs
documents analysés par J.Le Taconnoux l'atteste; Voir
pour plus de détail ses articles consacrés à la
corvée parus dans les Annales de Bretagne au début du
siècle; cf. bibliographie [2]
En 1759 il est admis le principe dappeler des
paroisses jusqu'à deux lieues et demies; Dans ce cas la
tâche est réduite d'un cinquième. [3]
Archives départementales des Côtes d'Armor(C109) [4]
Archives départementales des Côtes d'Armor(C96) [5]
Un exemplaire du Rôle de la capitation de la paroisse
de Pordic pour l'année 1786 est conservé aux Archives
Départementales des Côtes d'Armor(cote C 103.) [6]
Archives départementales des Côtes d'Armor(C109) [7]
Archives départementales des Côtes d'Armor(C109) [8]
Archives départementales des Côtes d'Armor(C102) [9]
Archives départementales des Côtes d'Armor(C109) [10]
Archives départementales des Côtes d'Armor(C96) [11]
En 1756 il avait été envisagé de créer un fonds pour
soulager la corvée destiné aux parties de routes sur
lesquelles il n'y a aucune corvée, au paiement des
corvoyeurs de harnois douze livres par an pour le
transport de pierres et pour faire extraire les pierres
à prix d'argent. Ce projet ne fut pas mis en
application(ADCDA.C37) [12]
Archives départementales des Côtes d'Armor(C102) [13]
Archives départementales des Côtes d'Armor(C86) [14]
J.Letaconnoux; la corvée des grands chemins en Bretagne [15]
L'esprit public dans le Département des Côtes du Nord [16]
A titre de comparaison il n'est pas inutile de renvoyer
à la situation du Languedoc, la deuxième province où
existait réellement une liberté provinciale. Dans
l'appendice à son célèbre livre», l'ancien régime et
la Révolution", Alexis de Tocqueville montre
comment les Etats du Languedoc avaient mené un politique
plus éclairée, les travaux sont réalisés entièrement
à prix d'argent, le budget annuel des grands chemins
atteignant deux millions de livres par an vers 1780.Les
trois corps constituant les Etats sont représentés
chacun par vingt-trois membres et les délibérations ne
s'effectuent pas par ordre mais par tête, anticipation
de ce qui se passera en 1789... 17 J.Letaconnoux; la
corvée des grands chemins en Bretagne |