Les bacs sous l’ancien régime

 

Au XVIII° siècle l’administration des routes est du ressort des Etats de Bretagne qui votent tous les deux ans les crédits nécessaires à la construction et l’entretien des chemins. Un long conflit entre l’Intendant, représentant du pouvoir royal et les Etats amène le Roi Louis XVI à accorder en 1785 aux Etats la pleine administration des Routes de la Province. Les Ponts et Chaussées de Bretagne sont sous les ordres de la Commission  Intermédiaire qui gèrent les affaires de la Province entre deux sessions des Etats. La révolution de 1789 en créant les Départements uniformise l’Administration sur l’ensemble du territoire français.

 La construction d'un pont est toujours une décision extraordinaire. En général les rivières et ruisseaux sont franchis à gué. Sur la route de Lamballe à Dinan, un rapport de l'ingénieur indique qu'en 1761 il reste quatre ruisseaux impraticables; les soldats sont obligés de retarder leur marche de deux à trois jours à moins d'entrer dans l'eau jusqu'à mi-jambe.

 

Au Moyen-Age beaucoup de ponts ont été construits par des seigneurs locaux qui percevaient des péages. En contrepartie ils sont dans l'obligation de procéder aux réparations ou à la reconstruction quand cela s'impose. Ainsi l'Ingénieur des Ponts et Chaussées met en demeure le sieur Le Camus, agent de M. le Marquis de Saint Tropetz de procéder à la remise en état du pont de Belle Isle en Terre en 1778.Celui-ci déclare que les travaux sont à la charge de la province en se référant à un édit de suppression des péages et de pontage qui se percevaient dans ce bourg. Il semble cependant que le pont n'ait pas été remis à la province officiellement, ce qui expliquerait ce différent. Pour des travaux au pont d'Evran, le rapport de l'Ingénieur de Dol de Bretagne, Jacques Piou, précise qu'un procès entre la Province et le propriétaire du pont, M. de Langle de Beaumanoir, est en instance. Dans l'attente il y a lieu de lui imputer les deux tiers des dépenses puisqu'il perçoit toujours le péage. Les ponts sur lesquels aucun péage n'est perçu sont du ressort des Etats de Bretagne et des Ponts et Chaussées.

 

Certaines rivières, notamment les estuaires peuvent être franchis grâce à un bac. C'est le cas au Guildo où se rend le 11 août 1778 l'ingénieur Perroud afin d'examiner les conditions de passage offertes aux voyageurs. En arrivant il découvre le cadavre d'un homme qui s'est noyé un jour précédent en essayant de passer à marée basse. Le gué est possible mais dangereux du fait de fonds vaseux et peu solides. Le bac est d’accès difficile(il n'y a pas de cale), on embarque sur les rochers ou sur la vase. Il n'y a pas toujours assez d'eau à marée basse pour manoeuvrer facilement le bateau. L'ingénieur vérifie si le service public est correctement assuré par le concessionnaire, les panneaux d'information en place, si le bateau dispose des équipements nécessaires en cas de difficultés(allèges, crocs et cordages).Il faudrait réaliser une cale, de la maçonnerie, un môle pour améliorer les conditions d’accès surtout quand des chevaux doivent être embarqués. Il en coûterait 9472 Livres au budget des Etats de Bretagne.Un autre bac est mentionné  en 1785 à Frinaudour pour franchir le Leff sur la route de Pontrieux à Paimpol.

En 1772 les ingénieurs Perroud (Saint-Brieuc) et Dorotte (Dol de Bretagne) recommande d'instituer un bac pour franchir la Rance au lieu-dit Jouvante afin d'améliorer les conditions de passage entre Dinard et Saint-Malo.La liaison entre ces deux villes se fait par la mer et certains jours la navigation est très difficile. En installant un bac dans une anse plus abritée il serait possible de raccourcir le trajet entre Lamballe et Saint-Malo de 6918 toises (soit 14 kilomètres)par rapport à l'itinéraire par Dinan, Pleudihen et Chateauneuf.

 

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